Le jardin est un acte de culture :
la nature associée au travail de l'homme permet de le définir comme espace cultivé
non seulement par la main et le corps, mais aussi par l'esprit et le cœur.

L’hiver est supposé être une saison morte pour certains. En tout cas, pas pour les amateurs de jardins qui trouvent toujours quelque chose à faire ou à ne pas faire, c’est-à-dire motif à songerie. Précisément, nous vous proposons de laisser aller nos pensées avec deux poètes des siècles passés, un Anglais et un Français, et vous prions d’être indulgents pour les commentaire ajoutés.

Pour commencer, voici une strophe de John Keats, poète anglais du début du 19 ème siècle. Dans son poème  « La sauterelle et le grillon » il nous invite, dans la divagation et la somnolence, à voir l’été en hiver. La recette est simple : prenez un poêle et un grillon,  allumez le poêle afin de faire chanter le grillon. Vous croyez aussitôt entendre le chant de la sauterelle dans l’herbe des collines, comme en été.

             La Poésie de la terre ne s’arrête jamais :
             Par une soirée d’hiver solitaire, quand le gel
             A forgé le silence, du poêle monte, strident,
             Le chant du grillon, à la chaleur croissante,
             Qui semble à qui divague, somnolent,
             Celui de la sauterelle dans l’herbe des collines.

Quelques années avant le poète anglais, Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794), bien français cette fois-ci, et même gardois, nous donne une leçon d’écologie réaliste dans une fable intitulée  « Le vieux arbre et le jardinier ». En octosyllabes et en alexandrins il nous conte comment un vieux poirier stérile a eu la vie sauve grâce à un essaim d’abeilles. Voici l’histoire en quelques vers choisis dans ce long poème :

             Un jardinier, dans son jardin,
             Avait un vieux arbre stérile….
             Le jardinier ingrat veut l'abattre un matin ;
             Le voilà qui prend sa cognée…..
             N'assassine pas un mourant
             Qui fut ton bienfaiteur. Je te coupe avec peine,
             Répond le jardinier ; mais j'ai besoin de bois….
             Il frappe un second coup. D'abeilles un essaim
             Sort aussitôt du tronc, en lui disant : arrête,
             Écoute-nous, homme inhumain :
             Si tu nous laisses cet asile,
             Chaque jour nous te donnerons
             Un miel délicieux dont tu peux à la ville
             Porter et vendre les rayons…
             Je veux pour vous de fleurs semer tout ce canton.
             Cela dit, il s'en va, sûr de sa récompense,
             Et laisse vivre le vieux tronc.

Heureux jardinier qui trouve des abeilles et du miel dans un vieux tronc. De nos jours, avec le réchauffement climatique et les échanges transcontinentaux on trouve plutôt le chancre coloré et des frelons asiatiques.

Mais c’est aussi une vision assez pessimiste, la protection de l’arbre ne tient qu’à l’intérêt bien compté du jardinier. A méditer…

* Le texte complet de ces deux poèmes est disponible sur simple demande : apjlr@jardinslanguedoc.com

Prochaines sorties